PSYCHOGENEALOGIE : témoignages de vie
- Frédérique Sallé Voisin
- 17 janv. 2023
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 oct. 2024


Article rédigé par Frédérique Sallé Voisin - Psychogénéalogiste
Qu’est-ce qu’il y a de mieux qu’un témoignage pour toucher les gens et les aider à réfléchir ?
Un témoignage pour partager son expérience. Un témoignage pour se montrer à soi-même notre avancée. Un témoignage pour comprendre. Un témoignage pour être soutenu-e. Un témoignage ...
Pour cet article, j'ai glané des témoignages ici et là. Mais ce qui m'intéresse, en fait, c'est vous : que vous ayez un espace d'échanges grâce à ce post.
Témoignage qui évoque l'alcoolisme, comme héritage transgénérationnel : femme d'alcoolique
"Je suis la femme d'un alcoolique, la fille d'un alcoolique, la petite fille d'un alcoolique, etc... Il [Mon psychiatre] m'a alors posé la question "Comment expliquez vous que de génération en génération, vous reproduisiez le même schéma?" J'ai perdu pied quand il m'a balancé cette bombe. Je suis sortie de là complètement désorientée. La colère m'a pris, j'en voulais énormément au psy de me dire des choses comme ça, je pensais qu'il m'accusait d'avoir volontairement choisi un alcoolique par tradition familiale. Mais en même temps, ça me tournait dans la tête en permanence, ça ne me quittait plus, ça m'obsédait, mais je ne trouvais pas de réponse.
Et à chaque séance, la question revenait. Il m'a expliqué qu'il était capital que je trouve la réponse, car ma fille risquait d'hériter ce fardeau psychologique, que s'il y a transmission générationnelle, il était fort probable qu'actuellement je sois en train de lui transmettre un mécanisme défaillant. Ce n'était donc pas tant pour moi que je devais trouver la réponse (le mal est fait) mais pour elle.
Il m'a fallu des mois et des mois d'inspection, de remise en question, de doutes... De la colère, de la peur, de la honte. Certains éléments de réponses arrivaient, mais ne me convenaient pas, trop simples, trop superficiels. Autant vous dire que certaines réponses ne me mettent pas du tout en valeur. Comme j'aimerai dire que rien n'est ma faute et que je ne suis qu'une victime innocente. Et évidemment, pas question de dire c'est génétique et c'est comme ça... pas plausible du tout.
Voilà les éléments (et je pense qu'il m'en manque encore...) que j'ai réussi à découvrir sur moi-même. Utilisez cela avec précaution, car je ne pense pas que cela soit transposable à tout le monde!
1/ J'ai toujours vécu avec la présence d'alcool dans mon entourage proche, sans que cela ne choque personne. Petite info, je suis bretonne, et en Bretagne comme dans d'autres régions, l'alcool est une banalité. Mon conjoint avait l'alcool festif, normal. Il avait de la résistance à l'alcool, comme une fierté pour un breton... Bref, je n'étais pas programmée socialement pour avoir un rejet de l'alcool, et je pense que toute notre société est conçue en ce sens, la consommation d'alcool est tristement banalisée et personne ne trouve rien à en redire.
2/ J'étais renfermée, je retenais l'expression de mes sentiments. Son alcool avait un effet désinhibiteur sur lui, et je faisais un transfert sur lui. Il vivait pour nous deux, il m'entrainait dans son sillage de joie, de bonne humeur, il vivait à 100 à l'heure et je ressentais la vie à travers lui. Il m'a permis ainsi de m'assumer et de sortir de ma bulle.
3/ Mon père a eu une période de plusieurs années où il était violent, c'est peu de le dire. Il a envoyé ma mère plusieurs fois à l’hôpital avec des blessures graves. A de nombreuses reprises j'ai pensé qu'elle était morte, qu'il était en train de l'assassiner sous mes yeux. J'intervenais, je m'interposais, j'appelais les secours (gendarmerie, pompiers, voisins, famille, tout ce que je pouvais). Il m'est même arrivé une fois (j'avais 13 ans) que je doivent assommer mon père pour lui faire lâcher prise. Une fois, c'est même une brigade d'intervention spéciale (type GIGN) qui a dû intervenir car il avait annoncé avoir emprunter une arme à un de ses copains. (en fait c'était faux, mais on était retranchées à l'étage et on osait pas sortir). J'ai connu mon père avant sa période de violence, avant que l'alcool ne dévaste tout, et aujourd'hui cette période de violence est finie, il est toujours alcoolique mais maîtrise d'une volonté de fer sa consommation à un niveau où il est maître de son comportement. L'alcool de mon mari ne ressemblait en rien à ce que j'ai connu chez mon père, j'ai bêtement pensé que c'était gérable. L'amour que je porte à mon père est immense. J'ai detesté l'homme violent, je l'ai haï. Mais j'ai toujours aimé mon père dans ses périodes "sous contrôle" malgré son alcoolisme.
4/Ça c'est le pire des dysfonctionnements que j'ai remarqué chez moi. Quand le problème m'est apparu clairement, que mon mari avait un comportement anormal avec l'alcool, et surtout que son comportement sous l'emprise de l'alcool était anormal vis à vis de moi, j'ai pensé que je ferais mieux que mes parents. J'ai pensé qu'avec mon expérience je garderai la situation sous contrôle. C'est comme si je voulais me prouver à moi-même que je pouvais réécrire l'histoire en mieux par rapport au scénario de mon enfance.
5/ Mon enfance, et celle de ma mère avant moi, m'a appris les technique d'évitement, d'adaptation à un comportement anormal. Je savais distraire l'attention, apaiser les crises, adapter mon attitude quand ça commence à déraper. Instinctivement j'ai reproduis ce que j'ai fait toute ma vie: compenser les défaillance de responsabilité, pardonner, écouter, soigner, éviter... C'est parce que j'ai vécu avec un alcoolique enfant que j'ai pu vivre avec un alcoolique adulte. Je n'aurais probablement eu la même patience et la même empathie si je n'avais pas vécu dans un environnement dysfonctionnel.
Donc, en résumé, c'est moi qui suis à l'origine du phénomène de transfert entre nous deux, c'est moi qui l'ai initié. Et ce que j'ai recherché chez lui avait quelque chose à voir dès le début avec l'alcool et sa désinhibition. Même si je n'ai pas choisi de vivre avec un alcoolique, j'y suis pour quelque chose, bien d'autres seraient parties avant moi! Moi je suis restée. J'ai recherché un partenaire avec qui mettre en place le scénario du sauveur- bourreau - victime. C'était inconscient, et surtout je n'avais certainement pas conscience que pour être le sauveur (c'est mon moteur) il fallait aussi que je sois le bourreau et la victime.
Voilà, toujours pas de solutions, mais je comprend pourquoi j'en suis là, même si certaines facettes de ma personnalité sont surement encore inaccessibles actuellement à mon introspection. Et je cherche aujourd'hui comment casser la transmission de ces mécanismes à ma fille."
Témoignage sur l'aspect transgénérationnel de notre rapport à l'argent : "sois pauvre ma fille !" Voilà ce que j’avais hérité comme injonction.
"Bien que travaillant, ma situation financière restait très fragile, me mettant régulièrement au bord d’une situation de surendettement grave. Des éléments objectifs de ma vie justifiaient les limites de ma marge de manœuvre financière mais ils n’expliquaient pas pour autant la situation très précaire dans laquelle je me trouvais. Je n’étais pas une « flambeuse », pas de frénésies d’achats dans les boutiques, ni de descentes dans les salles de jeux ! Mon « auto-appauvrissement » avait d’autres sources qui me piégeaient à très long terme : des investissements immobiliers catastrophiques, des renoncements à mes droits, des pertes inexplicables de plus ou moins importantes sommes d’argent, …
Le travail d’analyse m’a permis de comprendre que je me plaçais systématiquement dans ces situations qui allaient me précipiter toujours un peu plus près du gouffre financier. Toutefois, l’étape suivant cette prise de conscience tardait à venir : si j’avais enfin compris que j’étais bien la seule à l’origine de ces catastrophes successives, j’étais incapable d’y changer quoi que ce soit.
Guidée par un plus fort que moi qui, visiblement, résistait aux outils de la psychanalyse, mon analyste m’a alors proposé de « tenter » autre chose. Il avait déjà évoqué, au cours de l’une ou l’autre séance, des liens possibles avec mes « ancêtres », m’encourageant à m’interroger sur l’histoire de ma famille, son contexte social, les événements de la grande histoire qui l’ont traversée. J’étais « mûre » pour entamer un travail de psychogénéalogie.
Un voyage dans le temps a alors commencé. Durant celui-ci, je suis allée à la rencontre de mes ascendants, rendant une place acceptable à certains, découvrant la « face cachée » de certain autres… Peu à peu, sur une grande feuille de papier fixée au mur face à moi, est apparue l’histoire de ma famille, ses héros, ses parias, ses figurants et, surtout, le croisement entre tous ces personnages et les événements de la « Grande Histoire », leur contexte de vie, leur milieu social, leur situation économique. J’ai tout d’abord découvert que mes parents venaient de deux milieux sociaux très différents, l’un étant issu du monde ouvrier et l’autre d’un milieu aisé, mais rural.
A la génération de mes parents, par contre, plus aucune trace de biens financiers ou immobiliers, au contraire. La situation matérielle du couple de mes parents a très vite été très précaire. Pourtant, ma grand-mère maternelle possédait encore quelques objets de valeurs, témoins d’une prospérité passée.
J’ai décidé de remonter le fil de l’histoire familiale, pour m’intéresser de plus près au destin de la grand-tante de ma mère, Palmyre. Cette femme de caractère a épousé Léopold, et tous deux ont décidé d’aller tenter la bonne fortune au Congo, en pleine époque florissante de la colonisation belge. Ma grand-mère m’a alors raconté le retour de Palmyre, enrichie, auréolée de son aventure congolaise. Palmyre n’a pas eu d’enfants mais elle adorait ma mère et elle a légué l’essentiel de sa fortune à une communauté religieuse. Mes grands-parents et ma mère ont hérité de l’ensemble de ses objets, meubles, bijoux, et d’importantes sommes d’argent.
J’ai eu accès à des documents photographiques, témoins de ce passé prospère, mais surtout, à mes yeux, d’un épisode scandaleux de l’histoire de mon pays, auquel ma propre famille avait participé : la colonisation, synonyme de domination, de déshumanisation de tout un peuple. Découverte douloureuse et honteuse, mais j’y ai également perçu un fil essentiel à tirer: ma famille s’était donc enrichie avec de l’argent « mal gagné ».
J’ai vu dans le mariage de mes parents un premier signe de cette « honte » liée à l’origine de la fortune familiale : le tempérament aventureux de mon père, doublé d’un manque de flair exceptionnel pour les investissements financiers ont très rapidement englouti l’héritage de Palmyre et Léopold : les bijoux, objets d’art ont été vendu, l’argent investi dans des projets plus que douteux. Seuls restaient quelques meubles chez ma grand-mère, attendant patiemment que quelqu’un s’intéresse à leur présence insolite dans la modeste maison d’une vieille dame qui semblait tout sauf fortunée. Cet « argent sale » a donc disparu à la génération de mes parents maid j’étais par contre encore porteuse d’un stigmate privé de sens : gagner de l’argent, c’est mal. J’avais hérité comme injonction : sois pauvre, ma fille !
Je suis allée plus loin dans la réparation. Mon parcours professionnel m’a conduite « par hasard » à travailler dans un service social à destination des populations migrantes, lieu où chacun peut trouver les informations nécessaires à une installation en Belgique. C’est une association très engagée, qui défend les droits des étrangers en Belgique, et dont le public est constitué principalement de populations originaires d’Afrique Subsaharienne. Toutes ces rencontres m’ont peu à peu permis de prendre conscience des effets de la colonisation sur les individus en Belgique et en Afrique. Ces questions sont au centre de mon travail : la transmission de l’histoire aux enfants, les effets du déracinement, l’impact, sur les relations interindividuelles, du passé colonial de la Belgique.
Je ne suis plus au bord du gouffre financier mais je ne suis pas riche non plus ! Mon rapport à l’argent est apaisé, je peux mettre mon énergie dans des projets qui me font grandir et je pense avoir brisé le cycle de la « dette transgénérationnelle » et ainsi avoir évité d’y exposer mes enfants. Le travail de la psychogénéalogie, tout comme celui de l’analyse, ne cherche pas à découvrir une vérité objective, acceptable par tous."
Témoignage sur les secrets de famille : "mon frère n'est pas mon frère !"
"Pour moi, jeune adolescent de presque 18 ans, c’est la découverte au cours de sciences naturelles de la génétique par les groupes sanguins. « A+ et O+ donnent A+ ou O+». Comme j’étais le clown de la classe qui était toujours prêt à se faire remarquer, je me suis empressé de rétorquer : « C’est faux, Madame! Mon père est A+, ma mère est O+ et mon frère est B+. Alors, vous voyez bien que vous dites n’importe quoi!» La prof, gênée et interloquée, répondit qu’elle confirmait la théorie et que je devais voir cela avec mes parents. De retour à la maison, je lâche ma bombe en affirmant que la prof. avait dit que mon frère n’est pas mon frère, qu’il n’était pas le fils de notre père. Stupeur, malaise, cris et hurlements, négation, refus, déni… notre mère, hystérique, jure sur notre tête que c’est faux et impensable d’imaginer qu’elle ait pu connaître un autre homme que mon père, en étant avec lui!
Mon statut de vilain petit canard, d’emmerdeur, d’enfant à problèmes se trouve alors conforté. Mon frère m’en voudra longtemps, sûrement encore. Sa future épouse — on est à quelques semaines de leurs fiançailles — m’en veut toujours. Il se vengera 15 ans après par une dispute mémorable trois semaines avant mes propres fiançailles. Quant à mes parents, ils sont convaincus que je suis un mauvais fils, un enfant difficile, voire un monstre, omettant lâchement que je suis leur création, pas seulement physique ! Tout cela a été enfoui bien profond, rongeant mon intérieur, mon intime, tuant ma joie de vivre, générant une culpabilité oppressante, exacerbant mes colères incontrôlables et incontrôlées. Pour moi, le monde était bâti non sur des fondations solides, mais sur du sable. Puisque mon père n’avait pas émis le moindre doute et qu’il se rangeait à l’avis de sa femme, je n’eus de cesse de chercher d’autres représentants de l’image paternelle, autant de repères que de pères idéalisés, voire fantasmés. Cependant les questions n’ont cessé de me hanter: Que s’est-il passé? Y a-t-il un mensonge de notre mère? Est-ce une erreur à la maternité? Pourquoi notre père ne s’est-il pas manifesté? Y a-t-il un secret ?
Mon frère s’est accommodé du doute, aujourd’hui encore d’ailleurs, sans que cela remette en cause son point de vue sur nos parents. Le silence en forme d’omerta familiale entoure le sujet pour l’instant. Chacun d’eux trois y trouvent leur compte et se satisfaisant de la situation figée, je suis seul à souffrir de cette absence de reconnaissance, de ce manque à être! Peut-être ne saurai-je jamais « officiellement » puisqu’en France les tests de paternité ne sont autorisés que dans le cadre d’une procédure judiciaire et qu’il est illégal d’y contrevenir. Notre mère a également fermé la voie en muselant sa voix et je n’ai aucune possibilité de connaître ni de reconnaître par elle.
A la faveur de mon souhait de ne pas reproduire la dispute définitive entre notre père et son unique frère, mon frère et moi nous sommes réconciliés. Nous avons partagé nos différences, évoqué nos incompréhensions, parlé des jalousies, des rancœurs, découvrant ainsi le jeu pervers instauré par notre mère jouant l’un contre l’autre, manipulant l’un et l’autre, chacun cherchant l’amour du père et la préférence de la mère, nous opposant pour sa propre reconnaissance narcissique.
Toutes ces années ont été difficiles car il me manquait ce que certains appellent la motivation, d’autres le moteur, cette irrépressible envie d’agir dont nous sommes tous animés. Ma vie, de l’extérieur peut sembler classique avec des copines, un mariage, deux enfants, un divorce, des créations d’entreprise, des boulots intéressants, une vie sociale correcte, des amis… rien de gravement handicapant, mais le sentiment de ne pas être à la bonne place. C’est comme si je ne vivais pas vraiment, je survivais dans une vie sans but, mais en quête de sens, passionné depuis mon plus jeune âge par l’histoire et l’origine de l’humanité. J’ai une grande attirance pour ce qui est caché, de l’ordre du secret, ce qui m’a naturellement conduit à rejoindre des groupes de recherche philosophico-ésotérique. Toujours en quête de sens, j’ai compris récemment que ces recherches étaient en réalité la recherche de mes propres origine mais ça ne m’a pas empêché de trouver du sens à ma vie: comprendre que le monde est interdépendant et que tout ce qui nous entoure est le reflet de notre vision intérieure.
En 2006, à l’occasion du décès de mon témoin de mariage, un re-père, un pair par ailleurs, la tristesse a fait ressortir une autre douleur enfouie en moi: une paternité avortée à 19 ans avec mon amour de jeunesse qui répète l’histoire maternelle sur 6 générations. Il était urgent de travailler sur mon arbre. La psychanalyse transgénérationnelle m’a aidé à débroussailler dans la forêt de mon inconscient et m’a apporté les réponses à ma quête du Graal.
Aujourd’hui, 30 ans et plusieurs psychothérapies plus tard, je sais intuitivement qu’il n’est pas le fils de mon père. Bien sûr, il est mon frère, au moins utérin. Bien sûr, nos années d’échanges et de partages ne s’effacent pas, il s’est en effet beaucoup occupé de moi petit, nos 5 ans d’écart l’ont lui aussi positionné déjà comme père de remplacement face au désir de notre mère et la défaillance de père, mais je voudrais comprendre. La psychogénéalogie et l’analyse transgénérationnelle ont fait émerger que dans la filiation paternelle, les fils se déchirent comme Abel et Caïn (voir le mythe à travers les travaux de Didier Dumas dans "La Bible et ses fantômes") et dans la lignée maternelle, les mères abandonnent leurs enfants ou ne sont pas reconnus par elles, ce qui génère une vie transparente.
Témoignage sur les traumatismes hérités
"J’avais une amie qui a eu une enfance difficile et douloureuse. Elle a vécu ses premières années à passer de famille d’accueil en famille d’accueil. A l’âge de 10 ans, elle a été abusée sexuellement pendant plusieurs mois par le père de la famille qui l’accueillait. Tous les soirs, dans sa chambre, elle était terrorisée à l’idée que la porte ne s’ouvre et qu’il entre. Elle voulait pouvoir la fermer à clé et l’empêcher de rentrer.
Cette petite fille de 10 ans a grandi et a eu elle-même une fille. Je les ai connues quand sa petite avait environ 3 ans. Elle était très vive et intelligente, et avait un comportement tout ce qu’il y a de plus « normal » pour une fille de son âge. Pourtant, à partir d’un moment, et très soudainement, sans savoir pourquoi, elle a commencé à avoir une manie de vouloir fermer toutes les portes à clé. Dès qu’elle en voyait une, elle la claquait et la fermait. S’il y avait une clé ou un verrou, elle les fermait à chaque fois. Notre seule crainte était qu’elle ne s’enferme à l’intérieur, ou qu'elle ne se coince les doigts. Cette « manie » a duré comme ça plusieurs semaines. Un jour qu’elles étaient chez moi, ce qui devait arriver arriva : elle a réussi à fermer la porte de la salle de bain de l’intérieur. Heureusement pour elle, elle était dehors mais comme la porte était fermée de l’intérieur, impossible de l’ouvrir car il n’y avait pas de clé à l’extérieur. Par chance, la porte qui était en bois, n’était pas de très bonne qualité. Il a fallu la défoncer…
A cette époque, j’étais justement en train de lire le livre d’Anne-Ancelin Schüzenberger « Aïe mes aïeux», et je me suis souvenu de l’histoire de sa mère quand elle était enfant. Je lui ai parlé du livre que j’étais en train de lire, et je lui ai demandé si elle était d’accord de raconter à sa fille, le passage de son enfance concernant la période où elle se faisait abuser. Un jour, on a alors pris un moment pour s’asseoir tous les trois, et raconter à la petite l’histoire de sa mère, en lui disant que quand elle était plus jeune il y a eu un moment où elle voulait aussi que les portes soient fermées à clé parce qu’une personne lui faisait beaucoup de mal, et elle voulait s’enfermer pour ne pas que cette méchante personne l’atteigne. On lui a aussi dit que maintenant c’était fini : la personne n’est plus là et il n’y a plus de raison d’avoir peur, car il ne viendra plus. Elle a écouté très attentivement, sans rien dire. On pouvait sentir l’empathie qu’elle avait pour sa mère car ses yeux ont commencé à briller de quelques larmes quand elle a su que quelqu’un lui avait fait beaucoup de mal. Quand on a eu fini de parler, elle a juste acquiescé, sans un mot, puis et elle est repartie jouer.
Ce qui m’a stupéfait est qu’à partir de ce jour, elle n’a plus jamais retouché aux portes. Du jour au lendemain, c’était fini… Les non-dits étaient dits. Le trauma de sa mère était exprimé, le fantôme libéré : il n’avait plus de raison de continuer à vivre chez sa fille."
Et vous, quelle est votre expérience avec la psychogénéalogie ? Qu'avez-vous compris de votre histoire ?
Vous souhaitez entamer un travail en psychogénéalogie ?
✨ Plongez au cœur de votre histoire familiale et transformez votre présent !
🔍 Explorez votre histoire familiale pour comprendre vos blocages actuels
🧘♀️ Suivez pas à pas les exercices pratiques, pour une guérison intérieure
🎧 Ecoutez les audios inédits à la fin de chaque chapitre, pour une transformation profonde
✍️ Remplissez ce carnet interactif qui vous guide étape par étape
💡 Et créez vous un présent harmonieux, en vous libérant du passé
📘 Disponible dès le 12 novembre 2024 ou en pré-commande dès le 24 octobre 2024 sur toutes les plateformes en lignes, les libraires et les centres culturels
Comments